LA NOUVELLE PSYCHANALYSE
Ce titre vous amène probablement à penser que je vais vous annoncer un nouveau concept de la psychanalyse, que je vais dézinguer Freud (tuer le père en quelque sorte). Eh bien pas vraiment. J’ai choisi ce titre pour attirer votre attention sur les nouvelles formes que prend la psychanalyse. J’aurais pu dire la psychanalyse moderne, la psychanalyse d’aujourd’hui, la psychanalyse actualisée ou que sais-je encore ? Les bases fondatrices de la psychanalyse restent valables même si on peut les regarder et les interpréter différemment aujourd’hui. Si on prend l’exemple de la littérature, on comprend bien que Molière ne se joue plus comme sous Louis XIV et qu’on n’écrit plus comme dans les siècles passés, ce qui ne retire rien aux mérites de Molière. On peut dire exactement la même chose de la psychanalyse qui a évolué et s’est adaptée à notre époque, ce qui ne retire rien aux mérites de Freud.
J’ai déjà eu, dans un article précédent (La psychanalyse est-elle une science moderne?), l’occasion d’exprimer combien la psychanalyse est actuelle. J’y montre l’évolution de la psychanalyse, son adéquation à son époque, l’intérêt d’une relecture modernisée de Freud et de ses successeurs. On sait maintenant, grâce à l’imagerie cérébrale que la psychothérapie analytique est aussi efficace que d’autres formes de psychothérapies.
Dès le début, la psychanalyse a connu des remous, des contestations, voire des batailles. Rien de plus normal pour une théorie naissante qui doit convaincre et trouver ses marques. Elle a encore aujourd’hui de nombreux ennemis qui, malgré ses succès et les preuves de son efficacité, la contestent. Certains arguent du fait que Freud a commis des erreurs et s’est contredit. Mais quel chercheur ne se trompe pas ? Ainsi le célèbre médecin du XVIIIième siècle, Xavier Bichat, indique dans son ouvrage (Recherches physiologiques sur la vie et la mort) que tout ce qui se passe dans le corps est sous le contrôle du cerveau. On peut applaudir pour une telle clairvoyance mais, il ajoute qu’il y a une exception : l’émotion. Selon lui, l’émotion siège dans le cœur car, lorsqu’on ressent une violence émotion le sang monte au visage et la pression artérielle augmente, tous phénomènes qui sont sous la dépendance du cœur. C’est évidemment une immense bêtise qui ne retire rien aux travaux de Bichat. Plus près de nous, pendant l’épidémie du COVID 19 on a entendu quelques sommités médicales (dont certaines de renommée mondiale) proférer d’énormes stupidités, ce qui n’ a pas empêché la science d’avancer et de résoudre le problème.
L’important est que la psychanalyse ne soit pas restée immobile depuis sa naissance mais bien qu’elle ait pu évoluer avec le monde et les sociétés. N’a t elle pas, à certaines époques, exprimé une certaine homophobie ou émis des idées fausses à propos de l’autisme ? Les psychanalystes d’aujourd’hui ne nient pas le phénomène LGBT (et certains en font partie), même si Freud n’a probablement jamais rencontré de personne transgenre.
A l’heure où tout doit être classé, normé, la psychanalyse continue de s’intéresser à l’individu, en tenant compte bien entendu du contexte où il vit et de toutes les influences qu’il subit. Un autre phénomène modifie la psychanalyse actuelle : tout va plus vite ! Nous sommes pressés, nous avons une multitude de choses à faire, nous sommes sollicités sans arrêt. La psychanalyse doit tenir compte de tout cela. Elle doit également appréhender les nouvelles pathologies : la guerre, les traumatismes, la sexualité, le harcèlement, la drogue et bien d’autres.
Peut-on, devant ces nouveaux défis, en rester à une conception et une pratique de la psychanalyse calquées sur celles du XIXième siècle ? Non bien sur. C’est pourquoi la psychanalyse se renouvelle constamment pour proposer une thérapeutique actualisée, y compris dans sa forme. Le psychanalyste austère, silencieux, imperturbable est d’un autre temps. Bien sur le psychanalyste doit toujours savoir écouter, mais il peut également parler, questionner son patient, le guider vers le bon chemin. Il n’est même pas interdit de plaisanter ou de rire si la situation s’y prête. Plus généralement, le psychanalyste doit descendre de son piédestal (si tant est qu’il en eut un) et redevenir un humain qui vient en aide à un autre humain, comme le médecin n’est plus ce personnage hautain et condescendant du passé.
Notre société actuelle s’est fixé d’autres priorités que le bien être mental. A l’heure où on s’excite sur les avantages de l’intelligence artificielle sensée nous procurer une sorte de bonheur universel, il apparaît que de nombreuses souffrances psychiques ne sont pas prises en compte. Les faits divers relatés dans la presse nous montrent que de nombreux délits et crimes sont commis par des personnes présentant une souffrance psychique (je ne parle pas là de maladie mentale). On peut penser que, si ces souffrances avaient été prises en charge à temps, des drames auraient pu être évités. La psychanalyse a son rôle à jouer dans une meilleure prise en charge de ces pathologies.
J’espère, par ces quelques lignes, vous avoir montrer ce que j’appelle LA NOUVELLE PSYCHANALYSE . J’espère également vous avoir convaincu que la psychanalyse est une technique parfaitement adaptée au monde moderne pour traiter les souffrances psychiques.
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