LE DIVAN ET LA CHAISE

 Le divan appartient à la mythologie psychanalytique. Dans l’imaginaire collectif il est indissociable de la psychanalyse. On image le patient allongé, racontant sa vie, pendant que le psychanalyste, situé derrière lui, écoute en silence. Certains pensent même que le psychanalyste fait des petits dessins pour tromper l’ennui, voire somnole pour passer le temps. Vous me ferez le crédit de croire que le psychanalyste est un praticien sérieux, soucieux de l’intérêt de son patient, et qu’il l’écoute avec attention. Donc, merci de laisser tomber les dessins et la sieste psychanalytique. Alors, à quoi sert le divan ?

Le divan en psychanalyse est un élément symbolique et pratique important. Il est souvent associé à la pratique freudienne (mais pas seulement), mais son utilisation et sa signification peuvent varier selon les écoles de pensée psychanalytiques.

Historiquement, Sigmund Freud a introduit l'utilisation du divan pour permettre au patient de s'allonger et de se détendre. Cette position permet une meilleure exploration de l'inconscient. L'idée est que, lorsque le patient n'a pas à établir de contact visuel direct avec le psychanalyste, il peut laisser émerger des pensées et des associations spontanées plus librement. Le divan, en permettant cette posture allongée et moins dirigée, est un moyen d'encourager la libre association, une des techniques centrales de la psychanalyse. Le divan devient ainsi un espace où les pensées et les émotions refoulées peuvent surgir. Dans le cadre d'une séance, l'analyste reste en retrait, hors du champ de vision du patient, afin d'éviter de perturber ou de guider trop directement le flux de pensées.

Certains patients sont gênés par cette position allongée. Ils ont la sensation d’être soumis au thérapeute et de perdre ainsi leur libre pensée. Cette idée est fausse mais elle existe et le psychanalyste peut difficilement la combattre car, justement, il n’a pas la capacité (ni l’envie) de soumettre son patient.

Lorsque le divan n’est pas accepté par le patient, ou lorsque le psychanalyste estime que le divan n’est pas nécessaire, il existe une autre forme de thérapeutique : la psychothérapie analytique.

La psychothérapie analytique propose au patient d’être assis en face à face avec son thérapeute. Elle utilise les outils habituels de la psychanalyse : exploration de l’inconscient, recherche des racines de la souffrance psychologique, favoriser l’intégration psychique et l’autonomie en permettant au patient de comprendre ses conflits psychiques et donc d’en diminuer l’impact sur la vie quotidienne.

Si les deux méthodes utilisent les mêmes outils quelle est la différence entre les deux ?

La psychanalyste, méthode la plus connue du grand public, se concentre plus profondément sur l’exploration de l’inconscient. Elle vise à comprendre les structures profondes de la personnalité, les pulsions et les conflits inconscients qui affectent la vie de la personne. C’est une méthode plus longue et plus intense destinée à révéler l’origine de souffrances remontant à un passé plus ou moins lointain. Elle nécessite parfois plusieurs années pour atteindre les objectifs visés.

La psychothérapie analytique s’adresse plus à des problématiques plus récentes, ou en tout cas, mieux appréhendées par le patient, telles que des troubles anxieux, dépressifs ou relationnels, des conflits familiaux ou dans le travail, des addictions, etc. Elle se déroule donc dans une forme plus classique (le face à face) et permet plus d’interactions entre le thérapeute et le patient. Elle vise plus à résoudre un problème ponctuel relativement bien identifié par le patient. Elle demande moins de temps pour obtenir des résultats.

Comment choisir entre les deux ?

Le psychanalyste, après avoir compris les demandes exprimées par le patient, va proposer l’une ou l’autre des méthodes. Il appartient au patient d’accepter ou pas la méthode proposée. Il est également possible qu’une psychothérapie analytique se transforme, au fil de temps, en psychanalyse. Il est également possible qu’un patient préfère être allongé lors d’une psychothérapie analytique. Le praticien peut très bien proposer au patient de s’asseoir sur le divan (c’est en général plus confortable qu’une chaise), puis au fil des séances lui proposer de s’y allonger.

Il n’y a donc pas de règle absolu qui obligerait le patient à accepter de manière non discutable telle ou telle méthode. Le psychanalyste propose et le patient dispose. Il est important, pour le psychanalyste, de découvrir dans quelle situation le patient se sent le mieux et le plus libre, afin de la lui proposer. Rien n’est imposé et, comme toujours en psychanalyse, le patient garde son libre choix. Il peut même demander à changer de méthode en cours de thérapie.

Ainsi, la psychanalyse s’adapte aux besoins du patient. Je le répète une fois de plus, la psychanalyse n’est pas une technique surannée, immuable, incapable de se modifier. Au contraire, la psychanalyse s’adapte, évolue, prend en compte les modifications de la société pour proposer une thérapie moderne en adéquation avec son époque, intégrant l’évolution des mœurs et les nouvelles pathologies liées à une façon de vivre qui s’est modifiée au fil du temps.

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